martedì 21 luglio 2009

Crimine a Grozny

Editoriale Le Monde 22 luglio

Il 15 luglio, Natalia Estemirova era stata prelevata nella sua casa di Grozny, capitale della Cecenia, da sconosciuti. Qualche ora più tardi, il suo corpo è stato ritrovato crivellato di colpi, in Inguscezia, altra repubblica caucasica della Federeazione russa. Natalia Estemirova era una delle figure più coraggiose ed emblematiche di Memorial, l'organizzazione per la difesa dei diritti dell'uomo fondata dal famoso dissidente sovetico Andreï Sakharov.

Natalia Estemirova indagava sulle esecuzioni sommarie commesse in Cecenia dopo la deflagrazione della guerra voluta nel 1999 da Vladimir Putin. Sconvolta da questo conflitto che ha causato decine di migliaia di morti, dispersi e centinaia di migliaia di profughi, lei era una di quelle rare persone che non hanno voltato lo sguardo, che cercava di stabilire la verità, raccogliere testimonianze e prove inconfutabili. Affinchè un giorno finalmente fosse fatta giustizia.

Indagava sui crimini perpetrati dall'armata federale russa e su quelli delle milizie cecene utilizzate da Mosca come rinforzi. Il giorno del suo omicidio, un rapporto al quale aveva lavorato Natalia Estemirova rendeva pubblico in Russia, concludendo che i più alti dirigenti del paese, tra cui Vladimir Putin, oggi primo ministro, potrebbero dover rispondere dei crimini commessi nel Caucaso del Nord.

L'omicidio di questa donna solleva, una volta di più la questione dell'evoluzione politica della Russia, dove gli omicidi politici si moltiplicano, sul fondo del nazionalismo intollerante. Solleva la questione del grado di implicazione dei dirigenti e dei servizi segreti russi nella spirale di violenza che persegue il Caucaso.

Dopo l'omicidio di Natalia Estemirova, come dopo quella nel 200 della sua amica, la giornalista Anna Politkovskaia, il dito (doigt) puntato sul leader ceceno, Ramzan Kadyrov, piazzato e sostenuto da Mosca. Costui controlla la regione sous sa férule: torture ed esecuzioni sommarie sono la moneta corrente. Kadyrova aveva minacciato e insultato Natalia Estemirova in più occasioni.

Il presidente russo Medvedev è stato ambiguo. Si è detto indignato; ha promesso che "i responsabili saranno puniti". Ma ha giudicato "primitivo e inaccettabile" l'idea che Kadyrov o degli ufficiali russi possano essere implicati in questa meurtre.

Insomma Kadyrov ha sempre carta bianca.


Editorial Le Monde 22 luglio
Crime à Grozny


Le 15 juillet, Natalia Estemirova était enlevée près de chez elle à Grozny, capitale de la République de Tchétchénie, par des inconnus. Quelques heures plus tard, son corps était retrouvé criblé de balles, en Ingouchie, autre République caucasienne de la Fédération de Russie. Natalia Estemirova était l'une des figures les plus courageuses et emblématiques de Memorial, l'organisation de défense des droits de l'homme fondée par le célèbre dissident soviétique Andreï Sakharov.

Natalia Estemirova enquêtait sur les exactions commises en Tchétchénie depuis le déclenchement de la guerre de Vladimir Poutine, en 1999. Révoltée par ce conflit qui a fait des dizaines de milliers de morts et de disparus et des centaines de milliers de déplacés, elle était de ceux - rares - qui n'ont pas détourné les yeux, qui cherchaient à établir la vérité, compiler des témoignages, des preuves irréfutables. Pour qu'un jour - peut-être - justice soit faite.

Elle travaillait sur les crimes perpétrés par l'armée fédérale russe et sur ceux des milices tchétchènes utilisées par Moscou comme forces supplétives. Le jour de son assassinat, un rapport auquel Natalia Estemirova avait contribué était rendu public en Russie, concluant que les plus hauts dirigeants du pays, dont Vladimir Poutine, aujourd'hui premier ministre, pourraient avoir à répondre des crimes commis dans le Caucase du Nord.

Le meurtre de cette femme soulève, une fois, de plus la question de l'évolution politique de la Russie, où les assassinats politiques se multiplient, sur fond de nationalisme intolérant. Il soulève la question du degré d'implication des dirigeants et des services secrets russes dans la spirale de violence qui se poursuit au Caucase.

Après le meurtre de Natalia Estemirova - comme après celui, en 2006, de son amie, la journaliste Anna Politkovskaïa -, le doigt est pointé sur le dirigeant tchétchène, Ramzan Kadyrov, mis en place par Moscou. Celui-ci tient la région sous sa férule : tortures et exécutions sommaires y sont monnaie courante. Il avait menacé et insulté Natalia Estemirova à de multiples reprises. Mais ses crimes ne doivent pas occulter l'impunité dont il bénéficie au Kremlin. Le président russe, Dmitri Medvedev, a été ambigu. Il s'est dit indigné ; il a promis que " les responsables seraient punis ". Mais il a jugé " primitive et inacceptable " l'idée que M. Kadyrov ou des officiels russes puissent être impliqués dans ce meurtre.

En somme, M. Kadyrov a toujours carte blanche.

Nessun commento: